Billy Graham, Prince-Albert, et deux vies changées à toujours

Une histoire personnelle d’un héros qui change les vies

 

Par Jeff Christopherson

S’il y a quelque chose de claire dans l’enseignement de Jésus, c’est que le Royaume de Dieu n’est pas du tout compliqué. Afin de participer dans ce Royaume contre culture, nous devons simplement, de tout coeur, avoir confiance que le Royaume entier dépend d’un seul Dieu souverain.

Ce Roi n’a pas besoin d’aucune chose que je peux livrer, et Il n’est pas non plus otage à l’exécution de mes pensées les plus stratégiques et brillantes.

Il ne demande qu’un simple acte: la confiance.

Cet acte est la seule réponse digne d’un sujet à son souverain.

Jésus ne demande que notre allégeance, bien que ce soit contraire à toutes les inventions de l’humanité. Dans cette faiblesse et humilité, il assume la responsabilité entière pour ses plans et il fait ce qu’il veut avec notre participation à la taille d’une graine de moutarde.

Dieu prend cette graine qui ne vaut rien, et la pose avec soin dans le sol fertile de son désir providentiel. Prenant sur lui la tâche de maître planificateur, Dieu crée un jardin complexe qui porte l’image de l’éternité.

De notre position chutée sur la terre, nous n’avons pas les yeux pour voir les merveilles accomplies par Dieu avec notre petite graine de moutarde. La révélation de cela attend celui qui suit Christ, au ciel.

Mais de temps en temps, la grâce de Dieu nous permet un petit coup d’oeil. Et ce sont des moments épatants.

Au début d’un nouvel an et d’une nouvelle décennie, permettez-moi de partager un de ces moments. C’est une histoire personnelle qui illustre profondément cette grande vérité.

Mes parents, Allan et Helen Christopherson, furent mariés le 4 juin 1960 à Prince-Albert, Saskatchewan. Ensuite ils ont commencé leur famille avec la naissance de leur premier enfant, une fille blonde et avec des yeux bleus, appelée Cathy. Trois ans après, j’étais le deuxième et dernier enfant ajouté à la jeune famille.

Mon père avait quitté l’école à l’âge de 14 ans, donc ses options de travail furent limitées. Il a trouvé un boulot de nettoyage des cuves de stockage à la brasserie Molson, ce qui a payé assez pour supporter sa famille.

Son salaire comprenait une bénéfice de valeur: la bière gratuite. La trajectoire de la vie de mon père, tout comme celles de ses collègues, n’était guère promettante. L'alcoolisme avait détruit les vies de plusieurs hommes et leurs familles à la brasserie.

Un soir de fin de semaine de 1967, mes parents voulaient sortir. Ils ont téléphoné à une voisine pour garder les enfants, lui ont donné des instructions, ont monté dans leur petite voiture noire, et sont allés à l’ancien Théâtre Orpheum pour regarder n’importe quel film projeté sur le seul écran.

C’était un film appelé The Restless Ones. Pop-corn en main, ils se sont préparés pour une soirée d’évasion et d’amusement.

L’intrigue du film a bientôt attiré leur attention, et ils furent captivés par la lutte humaine projetée devant eux.

Mais ce qu’ils n’avaient pas attendu fut une lutte bien plus personnelle dans leurs propres esprits. En regardant le parcours spirituel sur l’écran, ils furent confrontés avec leur péché personnel ainsi qu’un besoin désespéré d’un grand Sauveur.

Pendant que les acteurs sur l’écran écoutait la prêche de Billy Graham dans leur décapotable Chevrolet, mes parents sont tombés sous la conviction profonde du Saint-Esprit.

Quand les acteurs ont penché leurs têtes et ont prié pour recevoir Jésus-Christ, mon père a attrapé la main de ma mère, et ensemble ils ont lutté sous la conviction du Christ vivant.

Quelque chose de très sérieux se passait dans leurs coeurs.

Le film est arrivé à sa fin, mais à la surprise de mes parents, la soirée n’était pas terminée.

Les lumières furent illuminées, et un homme dans la quarantaine, portant un complet et cravate, est venu devant pour parler à l’auditoire. Il a dit que si quelqu’un voulait répondre à Christ, il pouvait se lever et venir devant pour prier avec lui devant tout le monde.

Mes parents, regardant autour, n’ont pas vu d’autres qui venaient devant. L’homme a attendu patiemment quelques minutes avant de remercier gentiment l’auditoire pour être venu.

Mes parents, un peu étourdis, sont allés vers leur ancienne voiture noire. Quelque chose de nouvelle arrivait. Enfermés dans la sécurité du métal de la voiture et le confort des sièges baquets en vinyle, mes parents ont commencé à parler des engagements qu’ils pensaient faire.

Et ce soir-là, dans le parking de l’ancien Théâtre Orpheum, Allan et Helen Christopherson ont rendu leurs passé, présent, et futur à la puissance salvatrice de Jésus-Christ.

Ils avaient été changées pour toujours.

Dès ce moment, la vie est devenue une aventure. Dieu a dirigé mon père à laisser son travail à la brasserie de Molson, à apprendre une nouvelle habileté (le soudage), et l’a éventuellement amené à un homme silencieux mais spirituellement intense, que Dieu allait utiliser pour changer notre famille pour toujours.

Jack Conner fut un homme de Dieu, implanteur d’églises, qui marchaient dans la foi et qui aimait Jésus avec abandon, malgré les inconvénients personnels dus à cette marche.

Il avait quitté déjà la sécurité et confort d’une grande église de Fresno, Californie, établie par lui-même, pour recommencer encore—cette fois à Prince-Albert, Saskatchewan. Quand Jack a rencontré mon père, mon père savait qu’il avait trouvé un esprit semblable. Jack fut un homme dont l’amour de Jésus fut évident dans chaque catégorie de sa vie.

Mais Pasteur Conner, en tant qu'implanteur, avait une excentricité qui fut bientôt évidente pour la congrégation. Il ne pensait pas comme un homme d’affaires. Il ne pensait pas comme un homme normal.

Pour d’autres, il pensait comme un fou. Il avait une compulsion silencieux à l’intérieur qui le forçait de faire des actions non stratégiques, l’une après l’autre. Au lieu de peaufiner les systèmes et processus de la nouvelle église, il a concentré les attentions de ses leaders au dehors.

Il s’attendait à ce que tous: coiffeurs, charpentiers, enseignants, comptables, soudeurs, soient impliqués pour amener la Bonne Nouvelle aux lieux où il n’y avait pas de bonnes nouvelles à célébrer.

Bientôt, de nouvelles églises couvrait les cartes des villes, villages, et réservations de Premières Nations partout au nord. Le Royaume de Dieu se révélait dans des lieux inattendus.

C’était spirituellement enivrant.

Quand quelqu’un s’inscrivait dans l’école de disciples de Pasteur Conner, c’était pour une expérience problématique dans la vie de l’église. C’était une formation en disciple assez dispendieuse.

Plusieurs qui rendaient visite à son église partait bientôt à la recherche d’une église plus “full-service,” plus orientée vers leurs besoins. Mais ceux qui ont persisté ont reçu une éducation spirituelle transformatrice, qui allait changer leur manière de voir toutes les choses. Nous ne l’avons pas su alors—je ne suis même pas sûr que Jack l’a su, mais il développait des leaders pour une nation.

La main gracieuse de Dieu a amené mes parents, par leur nouvelle foi, de sauter au milieu d’une culture concentrée sur le Royaume. C’était notre nouveau normal. C’était un cadeau précieux.

Avance rapide de 35 ans . . .

Mon père fut invité de faire partie d’une équipe interdénominationnelle pour organiser et accueillir une croisade de Franklin Graham qui aurait lieu à Sakatoon, Saskatchewan. Une des premières réunions fut tenue dans une grande salle où les leaders chrétiens de toutes les professions se rassemblaient pour de l’inspiration et de l’instruction.

Mon père a trouvé de l’espace à une table ronde pour la soirée. Son esprit fut excité et aussi reconnaissant de faire partie de l’opportunité.

Le président de l’initiative s’est approché du microphone, a fait des commentaires introductrices, et ensuite a fait une demande à l’auditoire.

“J’aimerais que nous passions nos premiers moments en célébrant ce que Dieu a déjà fait à travers le ministère du Dr. Billy Graham. Y a-t-il deux ou trois qui veulent s’approcher du micro pour partager comment le ministère de Graham a influencé votre vie?"

Le coeur de mon père a commencé à battre fort.

Il a senti le Saint-Esprit qui le demandait de partager son histoire.

Pourtant sa chair disait, “Parler devant un groupe si grand? Une salle pleine de pasteurs? Tu n’es qu’un soudeur!"

Mais dans quelques secondes, il trouvait que ses pieds avançaient vers le microphone. Il a parlé de ce jour en 1967 où il a amené sa femme à voir The Restless Ones au théâtre Orpheum à Prince-Albert. Il a raconté l’invitation ratée et la rencontre silencieuse mais profonde avec Christ dans la voiture noire.

Il a parlé de l’église qu’ils avaient trouvée, et de l’aventure qui continuait. Il a parlé de ses deux enfants gardés par la voisine, qui passaient maintenant leurs vie à implanter des églises à travers le Canada et le Chili. “J’ignore combien de centaines de vies sont maintenant dans le Royaume parce que Helen et moi sommes allé au cinéma ce jour-là.”

Mon père est retourné à sa chaise, mais il y avait une sorte de silence sainte dans la salle. Un vieil homme s’est mis debout et est allé, pas au micro, mais directement vers mon père.

Tout en versant des larmes, il bégayait en se présentant:

Bonjour, Allan, je m'appelle Tom. Tom Dice. Je suis conseiller de familles, maintenant retraité dans la région. Tu dois savoir quelque chose, Allan. Dieu m’avait demandé d’amener ce film-là à Prince-Albert. J’ai regroupé mes amis et collègues et nous nous attendions à de grandes choses. Nuit après nuit nous avons mis le film et nuit après nuit j’ai demandé à l’auditoire de répondre à Christ. Et nuit après nuit je suis allé chez moi découragé et désappointé. Jusqu’à ce jour, à ma connaissance, personne n’a répondu. Je croyais que mon projet fut un échec. J’étais embarrassé. Je me suis demandé si j’avais bien écouté Dieu en premier lieu. Pourtant je l’ai bien écouté, Allan. Maintenant je vois que ce n’était pas un échec.

Avec des larmes de joie, il a tendu ses anciennes mains pour embrasser mon père, et a dit, “Maintenant je vois. Louange à Jésus, maintenant je vois …"

La saison terrestre de la vie de Tom Dice s’est terminé bientôt après. Celle de mon père aussi, quelques années plus tard. Celle de ma mère terminera bientôt, probablement.

Quant à Tom et mon père, ils voient maintenant clairement. Ma mère verra clairement aussi. Ils verront avec une clarté qui ne vient que des yeux célestes qui regardent le dessin parfait du Roi.

Lorsque nous nous rappelons de telles histoires, notre esprit en identifie immédiatement l’héros. Ce n’était pas Billy Graham, ni son fils. Ce n’était pas Tom Dice, ni Pasteur Jack Conner. Et certainement pas mes parents.

Chacun a reçu la grâce pour jouer son rôle.

Mais aucun ne fut l’acteur principal qui organisait les évènements pour produire cette victoire éternelle. Chacun a simplement investi sa graine de moutarde selon l’instigation du Maître Planificateur. Chacun avait un rôle simple, pourtant essentiel, à jouer.

Le jardin éternel fut en train d’être planifié et cultivé par un Dessinateur omniscient qui a posé juste une question: “Me feras-tu confiance?”

Ainsi, semble-t-il, nous répondons à cette question chaque jour par ce que nous faisons avec une très petite graine.

Un nouvel an. Une nouvelle décennie. Et peut-être, pendant notre saison terrestre—une obéissance plus simple, et plus confiante.


Ré-imprimé avec la permission de Jeff Christopherson qui est implanteur, pasteur,  auteur et missiologue au Send Institute—un groupe de reflexion interdénominationnelle pour l’implantation et l’évangélisation. Publié auparavant dans Christianity Today

Image: Photo par Jake Hills sur Unsplash

Traduction par Baker Hill


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